Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/30

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faire raconter tout haut les sottises que tu as faites ?

Vanot baisse ses longs cils châtains sur ses yeux gris. La leçon a porté. Madame Dobre continue :

— Pierquin a ri, lui aussi… lui, qui est le plus méchant de tous !

Pierquin proteste :

— C’est pas vrai ! J’ai pas ri…

— Menteur !…

— C’est pas vrai…

Il se soulève, malgré l’appareil de plâtre qui l’étreint jusqu’aux hanches. La colère allume ses yeux bruns, fait trembler sa bouche aux coins ridés. Avec son cou maigre, ses oreilles écartées, son crâne tondu ras, la veste de velours brun fané qui habille son torse chétif, Pierquin a l’air d’un petit forçat. Et les surveillantes, défavorablement impressionnées par cet aspect, par l’accent faubourien et la gouaillerie amère du personnage, ont surnommé Charles Pierquin : « l’anarchiste ».

— Je vous le dis. Mademoiselle, je n’ai pas