Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/67

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Poitiers, et le courrier de Paris va manquer.

Laurence demanda si le facteur était venu.

— Non, Mademoiselle. Le train n’a pas attendu le vapeur. Peut-être bien qu’un exprès est allé au Fortin, à bicyclette, et qu’on distribuera le courrier ce soir.

— Alors, aucune nouvelle ? Nous sommes séparés du monde, complètement, depuis deux jours !

— Vous aurez peut-être votre journal ce soir, consolez-vous… Et puis, quoi ? J’ai vu le communiqué à la poste. C’est toujours la même chose. La guerre n’est pas finie.

— Je m’en doute…

— Elle ne finira jamais !

— Tout finit.

— Vingt-huit mois ! Il y a vingt-huit mois que cela dure… Heureusement que je n’ai point de garçon. Mes deux neveux, ils sont embarqués, comme de juste, et mon gendre est dans les ateliers de l’Arsenal, à Rochefort. Ce n’est pas le front, bien sûr !… Je ne me plains