Page:Tinayre - Les Lampes voilees.djvu/85

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» J’étais donc sans remords, car ce que je donnais appartenait à moi seul, et ce que je vous demandais tacitement, n’appartenait qu’à vous-même. Les reproches que je recevais de Fiesole me choquaient ; j’y voyais une injustice, une marque d’incompréhension, tandis qu’il y avait au contraire, dans cette inquiétude de l’amie lointaine, toute l’intuition divinatrice de la femme qui lui avait fait voir, comme avec ses yeux, le péril encore indéterminé.

» Vous paraissiez ignorer — et je crois que vous ignoriez véritablement — ce qui se passait en moi. Un désir sensuel, même inavoué, vous eût troublée et mise en garde ; mais votre regard trouvait mon regard toujours calme et ma main ne s’enfiévrait pas en touchant la vôtre.

» Et puis, un matin de septembre… — ah ! tous les détails du lieu et de l’heure sont présents à mon esprit ! — je suis seul dans cette pièce basse du pavillon que j’appelle ma cellule. L’ombre des pins verdit la fenêtre et flotte sur la chaux des murailles, sur le carrelage