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CHOSES ET GENS DE PROVINCE

Encore des limonades, accompagnées, cette fois de macarons. Nous passons dans la classe de broderie, puis dans la classe de musique, où une fillette, assise devant le piano, très intimidée, joue, — avec un doigt ! — la marche de la Constitution… Et quand elle a terminé ce pénible exercice, elle recommence un autre morceau. Les maîtresses nous jettent des coups d’œil affectueux qui nous invitent à l’approbation. Les petites demoiselles, rangées en cercle autour de l’instrument du supplice, examinent l’effet produit par la musique, et s’étonnent peut-être de notre froideur…

Marguerite murmure :

— Qu’est ce qu’elle joue ?… Tu connais ça ? Ça ressemble à quelque chose que j’ai entendu…

— À un air turc ?

— Je ne sais pas… Comment savoir, avec tant de fausses notes ?… Je crois que nous devons applaudir…

Parbleu ! C’est la Marseillaise qu’elle joue, cette enfant !… À contre-mesure, mais l’inten-