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PREMIERS JOURS

triomphe, quelques régiments défilent, et puis c’est fini.

C’est fini. On s’en va… On s’est trop amusé pour être déçu… Tout de même, on avait rêvé autre chose, des couleurs, des formes imprévues, je ne sais quoi de splendide et de barbare : le cortège du Grand-Turc ! Mais il n’y a plus de Grand-Turc : il y a un souverain constitutionnel, et des ministres en redingote, comme chez nous, et des députés en fiacre, comme chez nous. La Turquie se civilise. Elle devient correcte et terne, comme nous. À quoi bon le faste oriental sous un gouvernement parlementaire, imbu des immortels principes de 89 ? Sommes-nous étonnés de ne pas voir M. Fallières dans les carrosses de Louis XIV ?

Plus de sultanes aux fenêtres du pavillon… Les voitures aux stores clos emportent les dames de la Cour. Les cordons de troupes sont rompus. Tous les êtres qui s’entassaient sur les trottoirs, sur les arbres, sur les toits des maisons, se précipitent dans la rue. Les chevaux, mis au pas, s’énervent. L’automobile,