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LA VIE AU HAREM

Et toi, va-t’en.. Par trois fois, je te divorce. »

» C’était fini. J’étais divorcée. La loi obligeait Djavid Pacha à me rendre ma fortune, mais elle lui permettait de garder notre fils, le seul qui reste de tous nos enfants. Mon mari m’a écrit : « Tu es riche et je suis pauvre. Je sais que tu peux réclamer l’argent, mais alors, moi, je n’aurai plus rien. Alors, je te donnerai le tiers de ta dot, parce que j’ai besoin du reste. » J’ai répondu : « Ça m’est égal. Je souffre trop. Je me moque de l’argent. Permets seulement que je voie mon fils… »

» Il a gardé mon argent ; il a gardé mon fils. Me voilà toute seule. J’ai le cœur brisé… Et quelquefois, je sens une haine terrible contre Djavid Pacha et cette esclave. Je pense : « Si je pouvais me venger, leur faire du mal !… » Et puis je pense encore : « Ça ne guérirait pas mon cœur. Ça ne me rendrait pas l’amour. » Et tout de même, au fond, j’ai une sympathie, une affection pour Djavid Pacha… Je ne vou-