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LA VIE AU HAREM

tôt elle se trouve en possession d’« un amas d’or » gagné, pièce par pièce, à la sueur de son front… Avec cet amas d’or elle fait bâtir une maison de cinq chambres, deux salles, un vestibule dallé de marbre. « Elle rêva même d’acheter un magasin de rapport, qui lui permît de faire de la musique pour son agrément. » Le vieux serviteur devient garçon de bureau dans un ministère et porte un habit galonné. La nièce est heureuse, et les élèves affluent dans la belle maison. Les jours de cours, le vestibule est rempli de galoches. Bédia a tant de succès que les manches de ses habits s’usent par le frottement de l’instrument. Mais elle n’a pas besoin des marchands pour renouveler sa garde-robe. Les étoffes que ses élèves lui offrent, à l’occasion du Baïram, suffisent amplement. Bientôt, sans doute, elle achètera le « magasin de rapport ». Hélas ! l’excès du travail et les courses sous la pluie ont altéré la santé de la jeune femme. Elle doit renoncer au luth, et meurt poitrinaire, sans avoir acheté le « magasin de rapport », et