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LA VIE AU HAREM

et des caïques qui les transportent à la campagne ; elles ont des villas, des yalis sur le Bosphore, des parcs où elles peuvent marcher, jouer au tennis, aller même à bicyclette. Les femmes du peuple doivent supporter, en ville, les chaleurs épuisantes de l’été. Elles ne quittent leurs logis sombres et malsains que pour les rues malpropres ou les cimetières. Le soleil et l’air ne touchent jamais leur visage. Comment résisteraient-elles à l’anémie qui les décime ? Vous avez remarqué leur teint jaune, leurs corps bouffis ? Les avez-vous trouvées belles ?

Non. Je n’aurais pas osé le dire à Fatmé Alié ; les voyageurs qu’excite le mystère du tcharchaf seraient bien déçus si toutes les passantes de Stamboul levaient leurs voiles. La beauté turque est rare, très rare, car la beauté ne va pas sans la santé.

Dans le monde riche, on trouve encore les éclatantes figures blondes, les yeux vert de mer, les formes robustes héritées des aïeules circassiennes. Mais dans le peuple et même dans la petite bourgeoisie, quel déchet ! Ce n’est pas