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II


À payer les dettes de Zerbin, et même celles des autres, — les amis des Fonard étant tous plus ou moins obérés — l’on se gênait horriblement. Certes, c’était chose flatteuse, pour un M. du Fargeas, qui n’était peut-être que Duffargeas, que d’obliger d’importants personnages et de prendre hypothèque sur leurs biens, comme faisait Lucile, en femme avisée, malgré l’inclination de son mari à donner sans compter. Mais on allait vers la ruine, et pour comble de malchance, Bonaparte, l’Ogre de Corse, s’obstinait à durer ! Le Roy légitime ne reparaissait pas dans sa berline à fleurs de lys ! Et l’espérance des bienfaits mérités par une longue fidélité, languissait dans les âmes, prête à s’éteindre. En cette pénible occurrence, Mme du Fargeas, voyant la plus haute noblesse, des Ségur, des Montesquiou, pactiser avec l’Usurpateur, sentit faiblir ses scrupules, et, réflexion faite, vers l’an 1812, trouva un honnête et bon moyen d’augmenter ses revenus.