Page:Tinayre - Une provinciale en 1830.pdf/32

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Dans ces temps où les rois pouvaient, en quelques heures, avoir besoin d’une voiture et de relais assurés pour gagner la plus proche frontière, le service des Postes avait grande importance et c’était sage précaution que d’acquérir et de garder partout l’affection dévouée du personnel. Le frère de Louis XVI se souvenait de Varennes.

Ainsi fut donc relevée, pour un temps, la fortune des Fargeas, non moins que leur gloire, et Mme Lucile se donna, d’un cœur plus léger, à l’éducation de sa fille.

Elle-même, née en 1778, n’avait reçu, chez les Ursulines de la Roche-Terrasse, que l’instruction élémentaire suffisante, croyait-on, pour faire de bonnes chrétiennes et de sages mères de famille : lecture, écriture, catéchisme, histoire sainte, un peu de grammaire et de calcul, très peu d’histoire, encore moins de géographie, et quant à ce qu’on appelle aujourd’hui sciences naturelles, néant ! Plus tard, une vague teinture de blason, quelques notions de musique, de maintien, achevaient les perfections de Mlle de Fonard, qui fut considérée à Verthis, comme une jeune personne accomplie.

Pourquoi ce qui avait été bon pour elle ne serait-il pas excellent pour Naïs ? Les temps avaient changé ?… Pas pour les femmes de la petite province, lesquelles, sous la Restauration, vivaient comme vécurent leurs mères et leurs