Page:Tinayre - Une provinciale en 1830.pdf/38

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Ils les faisaient donc instruire en particulier par des maîtres. Nul, dans Verthis, n’y trouvait à redire. Ce n’était point par ostentation, ou par dédain affiché des gens du lieu, que Mme du Fargeas fit instruire sa fille, chez elle. Elle obéissait à l’usage.

Pour entretenir l’émulation, qui est une condition du progrès, elle chercha une compagne d’études à sa fille. Elle n’en trouva pas de plus aimable que la petite Palma de Fontclose, alors âgée de dix ans, mais qui ne connaissait encore ni A ni B, sa grand’tante, la marquise, l’ayant expressément laissée dans cette sainte ignorance que le précepteur d’Émile respecta si longtemps chez son élève.

Mais la marquise vieillissait, et Palma s’ennuyait, seule enfant, dans ce château où ne venaient que des gens à tête blanche, restes poudreux d’un temps aboli. La bonne vieille marquise lui fit un extrême plaisir en la faisant conduire, tous les jours, après-midi, à Verthis. Elle y commencerait son éducation avec son amie Zénaïde, sous les auspices de Berger, le maître d’école, en attendant mieux…

Jamais petites filles ne furent plus différentes que Zénaïde et Palma.

L’une était tout ardeur, curiosité, pétulance. L’autre, blonde et rose comme une Anglaise, avec des yeux vert sombre et des cils bruns, vivait dans une demi-rêverie perpétuelle, et, comme il arrive aux enfants élevés dans la soli-