Page:Tissot - L onanisme - Dissertation sur les maladies produites par la masturbation, 4e edition, Lausanne, 1769.djvu/62

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prise, que si je ne venois que de la mettre dans mon estomac. Ma poitrine se remplit de phlegmes, dont la présence me jette dans un état d’angoisse, & l’expectoration dans un état d’épuisement. Voilà un tableau raccourci de mes miseres, qui sont encore augmentées par la triste certitude que j’ai acquise, que le jour qui suit sera encore plus fâcheux que le précédent ; en un mot, je ne crois pas que jamais créature humaine ait été affligée de tant de maux que je le fuis. Sans un secours particulier de la providence, j’aurois bien de la peine à supporter un fardeau si pesant ».

Je lus en frémissant, dans la lettre d’un autre malade, ces mots terribles, qui me rappellerent ceux de l’Onania. « Si la religion ne me retenoit pas, j’aurois déjà terminé une vie, d’autant plus cruelle, qu’elle l’est par ma propre faute ». Il n’est pas au monde, en effet, d’état pire que celui de l’angoisse ; la douleur n’est rien en comparaison, & quand elle se joint à une foule d’autres maux, il n’est point étonnant qu’un malade désire la mort