Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 1.djvu/21

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en plus le cercle de son action. Naturellement faible, il abandonne les apparences même de la force[1]

« On veut l’Union, mais réduite à une ombre. On la veut forte dans certains cas et faible dans tous les autres ; on prétend qu’en temps de guerre elle puisse réunir dans ses mains les forces nationales et toutes les ressources du pays, et, qu’en temps de paix, elle n’existe pour ainsi dire point ; comme si cette alternative de débilité et de vigueur était dans la nature.

« Je ne vois rien qui puisse, quant à présent, arrêter le mouvement général des esprits. Les causes qui l’ont fait naître ne cessent point d’opérer dans le même sens. Il se continuera donc, et l’on peut prédire que, s’il ne survient pas quelque circonstance extraordinaire, le gouvernement de l’Union ira chaque jour s’affaiblissant[2]. »

« Si la souveraineté de l’Union, dit ailleurs Tocqueville, entrait aujourd’hui en lutte avec celle des États, on peut aisément prévoir qu’elle succomberait[3]. — L’Union, ajoute-t-il, ne durera qu’autant que tous les États qui la composent continueront à vouloir en faire partie[4]. »

Il ne manque pas non plus de gens qui s’imaginent que, l’union des États étant brisée, la république va

  1. T.II, p. 397
  2. T. II, ch. x, p. 398. Quelles sont les chances de durée de l’Union américaine. Quels dangers la menacent.
  3. Ibid., p. 399.
  4. T. II, p. 335.