Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 1.djvu/26

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nérale fut vivement excitée. Les conditions réciproques dans lesquelles s’étaient trouvés dans l’origine l’écrivain et ses juges avaient changé. Le public devant lequel comparaissait Tocqueville n’était plus le même public devant lequel l’auteur de la Démocratie avait comparu en 1835 et en 1839. Lui-même se montrait aux yeux de ce public sous un aspect nouveau. Il avait cessé d’être un publiciste étranger aux luttes et aux passions des partis ; et s’il est permis de penser que, chez quelques lecteurs, la sympathie politique inspirée par les derniers événements (1851 et 1852) ajoutait à la sympathie éprouvée pour l’homme de lettres, il faut admettre aussi que d’autres, placés sous l’influence d’un sentiment tout opposé, auraient vu, sans grand déplaisir, sinon la chute, du moins la diminution d’un écrivain qui ne s’était point rallié à leur cause et pour lequel, après tant d’éclatants succès, un échec ne serait après tout que l’épisode naturel des destinées littéraires.

La faveur qui accueillit le livre de l’Ancien Régime et la Révolution, ne peut cependant se comparer qu’à celle dont la Démocratie en Amérique avait été l’objet[1].

  1. Toutes les revues et tous les journaux n’eurent qu’une voix pour célébrer l’apparition du livre. Et si, dans leur examen, MM. Villemain, de Rémusat, de Pontmartin, Léon Pléc, Ilauréau, etc., etc., n’apportèrent pas le même esprit et n’aboutirent pas à la même appréciation que MM. Nisard, de Parieu, Forcade de la Roquette, etc., etc., tous du moins s’unirent pour rendre hommage au talent du livre et au caractère de l’écrivain. « Les qualités de l’ancien régime et de la Révolution, dit