Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 2.djvu/352

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne retourneraient pas à leur individualité première. À la place d’une Union, il s’en formerait plusieurs. Je n’entends point rechercher sur quelles bases ces nouvelles Unions viendraient à s’établir ; ce que je veux montrer, ce sont les causes qui peuvent amener le démembrement de la confédération actuelle.

Pour y parvenir, je vais être obligé de parcourir de nouveau quelques-unes des routes dans lesquelles j’étais précédemment entré. Je devrai exposer aux regards plusieurs objets qui sont déjà connus. Je sais qu’en agissant ainsi je m’expose aux reproches du lecteur ; mais l’importance de la matière qui me reste à traiter est mon excuse. Je préfère me répéter quelquefois que de n’être pas compris, et j’aime mieux nuire à l’auteur qu’au sujet.

Les législateurs qui ont formé la Constitution de 1789 se sont efforcés de donner au pouvoir fédéral une existence à part et une force prépondérante.

Mais ils étaient bornés par les conditions mêmes du problème qu’ils avaient à résoudre. On ne les avait point chargés de constituer le gouvernement d’un peuple unique, mais de régler l’association de plusieurs peuples ; et quels que fussent leurs désirs, il fallait toujours qu’ils en arrivassent à partager l’exercice de la souveraineté.

Pour bien comprendre quelles furent les conséquences de ce partage, il est nécessaire de faire une courte distinction entre les actes de la souveraineté.

Il y a des objets qui sont nationaux par leur nature,