Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 2.djvu/367

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Le Sud et l’Ouest ont, de leur côté, un intérêt plus direct encore à la conservation de l’Union et à la prospérité du Nord. Les produits du Sud s’exportent, en grande partie, au-delà des mers ; le Sud et l’Ouest ont donc besoin des ressources commerciales du Nord. Ils doivent vouloir que l’Union ait une grande puissance maritime pour pouvoir les protéger efficacement. Le Sud et l’Ouest doivent contribuer volontiers aux frais d’une marine, quoiqu’ils n’aient pas de vaisseaux ; car si les flottes de l’Europe venaient bloquer les ports du Sud et le delta du Mississipi, que deviendraient le riz des Carolines, le tabac de la Virginie, le sucre et le coton qui croissent dans les vallées du Mississipi ? Il n’y a donc pas une portion du budget fédéral qui ne s’applique à la conservation d’un intérêt matériel commun à tous les confédérés.

Indépendamment de cette utilité commerciale, le sud et l’Ouest de l’Union trouvent un grand avantage politique à rester unis entre eux et avec le Nord.

Le Sud renferme dans son sein une immense population d’esclaves, population menaçante dans le présent, plus menaçante encore dans l’avenir.

Les États de l’Ouest occupent le fond d’une seule vallée. Les fleuves qui arrosent le territoire de ces États, partant des montagnes Rocheuses ou des Alleghanys, viennent tous mêler leurs eaux à celles du Mississipi et roulent avec lui vers le golfe du Mexique. Les États de l’Ouest sont entièrement isolés, par leur position, des traditions de l’Europe et de la civilisation de l’ancien monde.