Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 2.djvu/393

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jour plus facilement admis et moins appliqué ; ainsi le gouvernement fédéral, en créant l’ordre et la paix, amena lui-même sa décadence.

Dès que cette disposition des esprits commença à se manifester au-dehors, les hommes de parti, qui vivent des passions du peuple, se mirent à l’exploiter à leur profit.

Le gouvernement fédéral se trouva dès lors dans une situation très critique ; ses ennemis avaient la faveur populaire, et c’est en promettant de l’affaiblit qu’on obtenait le droit de le diriger.

À partir de cette époque, toutes les fois que le gouvernement de l’Union est entré en lice avec celui des États, il n’a presque jamais cessé de reculer. Quand il y a eu lieu d’interpréter les termes de la Constitution fédérale, l’interprétation a été le plus souvent contraire à l’Union et favorable aux États.

La Constitution donnait au gouvernement fédéral le soin de pourvoir aux intérêts nationaux : on avait pensé que c’était à lui à faire ou à favoriser, dans l’intérieur, les grandes entreprises qui étaient de nature à accroître la prospérité de l’Union tout entière (internal improvements) ; telles, par exemple, que les canaux.

Les États s’effrayèrent à l’idée de voir une autre autorité que la leur disposer ainsi d’une portion de leur territoire. Ils craignirent que le pouvoir central, acquérant de cette manière dans leur propre sein un patronage redoutable, ne vînt à y exercer une influence qu’ils voulaient réserver tout entière à leurs seuls agents.

Le parti démocratique, qui a toujours été opposé à