Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 2.djvu/402

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une loi[1] suivant laquelle les droits portés au tarif devaient être réduits progressivement pendant dix ans, jusqu’à ce qu’on les eût amenés à ne pas dépasser les besoins du gouvernement. Ainsi le Congrès abandonna complètement le principe du tarif. À un droit protecteur de l’industrie, il substitua une mesure purement fiscale[2]. Pour dissimuler sa défaite, le gouvernement de l’Union eut recours à un expédient qui est fort à l’usage des gouvernements faibles : en cédant sur les faits, il se montra inflexible sur les principes. En même temps que le Congrès changeait la législation du tarif, il passait une autre loi en vertu de laquelle le Président était investi d’un pouvoir extraordinaire pour surmonter par la force les résistances qui dès lors n’étaient plus à craindre.

La Caroline du Sud ne consentit même pas à laisser à l’Union ces faibles apparences de la victoire ; la même convention nationale qui avait frappé de nullité la loi du tarif s’étant assemblée de nouveau accepta la concession qui lui était offerte ; mais en même temps, elle déclara n’en persister qu’avec plus de force dans la doctrine des nullificateurs, et, pour le prouver, elle annula la loi qui conférait des pouvoirs extraordinaires au Président, quoiqu’il fût bien certain qu’on n’en ferait point usage.

    servir d’arbitre entre l’Union et la Caroline du Sud. Jusque-là cette dernière avait paru entièrement abandonnée, même par les États qui avaient réclamé avec elle.

  1. Loi du 2 mars 1833.
  2. Cette loi fut suggérée par M. Clay et passa en quatre jours, dans les deux chambres du Congrès, à une immense majorité