Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 2.djvu/433

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des étrangers tranquillement assis dans son héritage.

La terre du nouveau monde appartient au premier occupant, et l’empire y est le prix de la course.

Les pays déjà peuplés auront eux-mêmes de la peine à se garantir de l’invasion.

J’ai déjà parlé précédemment de ce qui se passe dans la province du Texas. Chaque jour, les habitants des États-Unis s’introduisent peu à peu dans le Texas, ils y acquièrent des terres, et tout en se soumettant aux lois du pays, ils y fondent l’empire de leur langue et de leurs mœurs. La province du Texas est encore sous la domination du Mexique ; mais bientôt on n’y trouvera pour ainsi dire plus de Mexicains. Pareille chose arrive sur tous les points où les Anglo-Américains entrent en contact avec des populations d’une autre origine.

On ne peut se dissimuler que la race anglaise n’ait acquis une immense prépondérance sur toutes les autres races européennes du nouveau monde. Elle leur est très supérieure en civilisation, en industrie et en puissance. Tant qu’elle n’aura devant elle que des pays déserts ou peu habités, tant qu’elle ne rencontrera pas sur son chemin des populations agglomérées, à travers lesquelles il lui soit impossible de se frayer un passage, on la verra s’étendre sans cesse. Elle ne s’arrêtera pas aux lignes tracées dans les traités, mais elle débordera de toutes parts au-dessus de ces digues imaginaires.

Ce qui facilite encore merveilleusement ce développement rapide de la race anglaise dans le nouveau monde, c’est la position géographique qu’elle y occupe.