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CHAPITRE VI


DU RAPPORT DES ASSOCIATIONS ET DES JOURNAUX.


Lorsque les hommes ne sont plus liés entre eux d’une manière solide et permanente on ne saurait obtenir d’un grand nombre d’agir en commun, à moins de persuader à chacun de ceux dont le concours est nécessaire que son intérêt particulier l’oblige à unir volontairement ses efforts aux efforts de tous les autres.

Cela ne peut se faire habituellement et commodément qu’à l’aide d’un journal ; il n’y a qu’un journal qui puisse venir déposer au même moment dans mille esprits la même pensée.

Un journal est un conseiller qu’on n’a pas besoin d’aller chercher, mais qui se présente de lui-même, et qui vous parle tous les jours et brièvement de l’affaire commune, sans vous déranger de vos affaires particulières.

Les journaux deviennent donc plus nécessaires à mesure que les hommes sont plus égaux et l’individualisme plus à craindre. Ce serait diminuer leur importance que