Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 3.djvu/202

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grand nombre d’hommes, et par quel procédé on parvient à les faire marcher, d’accord et méthodiquement, vers le même but. Ils y apprennent à soumettre leur volonté à celle de tous les autres, et à subordonner leurs efforts particuliers à l’action commune, toutes choses qu’il n’est pas moins nécessaire de savoir dans les associations civiles que dans les associations politiques.

Les associations politiques peuvent donc être considérées comme de grandes écoles gratuites, où tous les citoyens viennent apprendre la théorie générale des associations.

Alors même que l’association politique ne servirait pas directement au progrès de l’association civile, ce serait encore nuire à celle-ci que de détruire la première.

Quand les citoyens ne peuvent s’associer que dans certains cas, ils regardent l’association comme un procédé rare et singulier, et ils ne s’avisent guère d’y songer.

Lorsqu’on les laisse s’associer librement en toutes choses, ils finissent par voir, dans l’association, le moyen universel, et pour ainsi dire unique, dont les hommes peuvent se servir pour atteindre les diverses fins qu’ils se proposent. Chaque besoin nouveau en réveille aussitôt l’idée. L’art de l’association devient alors, comme je l’ai dit plus haut, la science mère ; tous l’étudient et l’appliquent.

Quand certaines associations sont défendues et d’autres permises, il est difficile de distinguer d’avance les premières des secondes. Dans le doute on s’abstient de