Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 9.djvu/358

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dividuel ainsi adouci, non-seulement ne compromettrait pas la vie dos condamnés, l’exemple de Philadelphie le prouve, mais qu’il produirait très-rarement les accidents dont ce pénitencier a été témoin. Sa conviction sur ce point a été corroborée par l’opinion exprimée, il y a quatre ans, par une Commission de l’Académie de médecine de Paris.

L’Académie avait à examiner l’ouvrage que lui avait soumis M. Morcau-Christophe, inspecteur-général des prisons de France, intitulé : De la mortalité et de la folie dans le système pénitentiaire.

Le Rapport fut fait le 5 janvier 1859 par une Commision composée de MM. Pariset, Villermé, Marc, Louis et Esquirol, ce dernier faisant les fonctions de rapporteur ; il se termine ainsi : « Si la Commission avait eu à exprimer son opinion sur la préférence à accorder à un système pénitentiaire ; elle n hésiterait pas à se prononcer pour le système de Philadelphie comme le plus favorable à la réforme.

« La Commission, n’ayant à se prononcer que sur la question sanitaire, est convaincue que le système de Pensylvanie, c’est-à-dire la réclusion solitaire et continue de jour et de nuit avec travail conversation avec les chefs et les inspecteurs, n’abrège pas la vie des prisonniers et ne compromet pas leur raison. » Pour achever enfin de s’éclairer sur cette portion capitale de sa fâche, votre Commission a cru devoir se transporter tout entière dans le pénitencier de la Roquette, où le système qu’elle préconise est depuis plus de quatre ans en vigueur. La vue de cette prison a achevé de la confirmer dans l’opinion qu’elle avait déjà. A l’aide du regard qui existe à la porte de chaque cellule, les membres de la Commission ont pu voir tous les détenus sans que ceux-ci sussent qu’on les regardait. Tous s’occupaient de leurs travaux avec l’apparence de l’application la plus soutenue et du plus grand zèle. La Commission en a interrogé un grand nombre  ; ils lui ont semblé avoir l’esprit tranquille et soumis. Elle a vu appliquer sous ses yeux la méthode simple et ingénieuse à l’aide de laquelle on parvient sans peine à enseigner à ces enfants le catéchisme et les premiers éléments des connaissances humaines. La Commission a pu se convaincre que les détenus ne restaient jamais longtemps seuls. Les visites du directeur et de l’aumônier, les soins de