Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol2.djvu/210

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taches rouges sur le visage ou sur les mains. Des trois autres fenêtres tombent sur le plancher les ombres des châssis et des carrés de lumière. Dans l’un de ces carrés, sur le plancher blanc du salon, comme à son habitude, est couchée Milka, et les oreilles dressées elle fixe son regard sur les mouches qui se promènent dans les places éclairées. Katenka, assise sur le divan, tricote ou lit, et, agacée chasse avec ses petites mains blanches les mouches qui semblent transparentes à cette lumière claire, ou, en fronçant les sourcils, elle secoue sa petite tête pour chasser une mouche qui s’est empêtrée dans ses épais cheveux dorés et qui s’y débat. Lubotchka va et vient dans la chambre, les mains croisées derrière le dos en attendant qu’on aille au jardin, ou elle joue au piano un morceau quelconque dont je connais chaque note depuis longtemps. Je m’assieds quelque part, j’écoute cette musique ou la lecture et j’attends le moment où je pourrai moi-même m’asseoir au piano. Après le dîner, parfois je daigne sortir à cheval avec les fillettes (je considérais la promenade à pied comme au-dessous de mon âge et de ma position sociale), et nos promenades, au cours desquelles je les conduis dans des endroits et des ravins extraordinaires, sont très agréables. Parfois, il nous arrive des aventures où je me montre brave, et les dames louent ma tenue et mon courage, et me considèrent comme leur protecteur.