Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/104

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puis hochant tristement et gravement la tête, il dit :

— J’ai à vous demander quelque chose d’important, père.

— Hum ! fit le comte en s’arrêtant.

— J’y ai pensé tout à l’heure, devant la maison d’Ussoupov, dit Berg en riant. Le gérant que je connais est sorti et m’a demandé si je n’achèterais pas quelque chose. J’y suis allé, vous savez, par curiosité. Mais là-bas, il y a un chiffonnier et une toilette. Vous savez combien Véra en désire et combien nous en avons causé (malgré lui, Berg passa dans le ton de la joie de son bien-être quand il se mit à parler du chiffonnier et de la toilette), quelle merveille ! Avec une serrure anglaise, vous savez ? Et Verotchka en a envie depuis si longtemps ! Alors je voudrais lui faire plaisir, lui faire une surprise. J’ai vu en bas, chez vous, plusieurs paysans, dans la cour. Donnez-m’en un. Je vous jure que je le paierai bien et…

Le comte fronça les sourcils et toussota.

— Demandez à la comtesse, moi, je ne donne pas d’ordres.

— Si c’est difficile, n’en parlons pas, je vous prie, dit Berg. Mais je voulais… pour Véra.

— Ah ! allez tous au diable, au diable, au diable ! s’écria le vieux comte. La tête me tourne !

Il sortit de la chambre.

La comtesse se mit à pleurer.