Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/171

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donc… — Seigneur Dieu… — On a battu un autre. On dit qu’il respire à peine… — Hé ! les gens… Ils n’ont pas peur de pécher… disaient maintenant ces mêmes gens avec l’expression douloureuse et plaintive, en regardant le cadavre au visage bleui, souillé de sang et de poussière, et ce cou long et fin écrasé.

Un fonctionnaire de la police ordonna aux dragons d’enlever le cadavre de la cour de Son Excellence et de le porter dans la rue. Deux dragons, saisissant les jambes écrasées, tirèrent le corps. La tête ensanglantée, rasée, souillée de poussière, au long cou, traînait sur le sol. Le peuple s’éloignait du cadavre.

Pendant que Vereschaguine tombait et que la foule se bousculait autour de lui avec des hurlements sauvages, Rostoptchine pâlissant tout à coup, au lieu d’aller vers l’escalier de service où l’attendaient ses chevaux, sans lui-même savoir où ni pourquoi, la tête baissée, se dirigea à grands pas à travers le couloir qui menait dans les chambres du rez-de-chaussée.

Le visage du comte était pâle et il ne pouvait retenir une sorte de tremblement fiévreux de la mâchoire inférieure.

— Votre Excellence, par ici… Où daignez-vous aller ? Par ici, s’il vous plaît, prononça derrière lui une voix tremblante, effrayée. Le comte Rostoptchine ne pouvait rien répondre. Il se tourna, et alla docilement où on lui indiquait. La voiture était