— Comment dites-vous ? demanda rapidement le capitaine méfiant.
— Unterkunft, répéta Pierre.
— Outerkoff, prononça le capitaine, et avec des yeux rieurs il regarda Pierre quelques instants. — Les Allemands sont de fières bêtes, n’est-ce pas, monsieur Pierre ? conclut-il. — Eh bien, encore une bouteille de ce bordeaux moscovite, n’est-ce pas ? Morel, va nous chauffer encore une petite bouteille ! Morel ! cria-t-il gaîment.
Morel apporta des bougies et une bouteille de vin. Le capitaine regarda Pierre à la lumière ; il fut évidemment frappé du visage défait de son interlocuteur. Avec une expression de tristesse franche et de compassion, il s’approcha de Pierre et se pencha vers lui.
— Eh bien, nous sommes triste !… Il toucha Pierre de la main. Vous aurais-je fait de la peine ? Non, vrai, avez-vous quelque chose contre moi ? Peut-être rapport à la situation ?… Pierre ne répondit rien mais avec tendresse regarda le Français dans les yeux. Cette expression de compassion lui était agréable.
— Parole d’honneur, sans parler de ce que je vous dois, j’ai de l’amitié pour vous. Puis-je faire quelque chose pour vous ? Disposez de moi. C’est à la vie et à la mort. C’est la main sur le cœur que je vous le dis, prononça le capitaine en se frappant la poitrine.