Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/218

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après avoir servi leurs maîtres, soupé et soigné les chevaux, étaient sortis sur le perron.

Dans l’isba voisine était couché l’aide de camp de Raievskï, le bras fracassé, et les souffrances horribles qu’il éprouvait le faisaient gémir, lamentablement, sans relâche, et ses gémissements résonnaient lugubrement dans l’obscurité de la nuit d’automne. La première nuit, cet aide de camp coucha dans la même cour que les Rostov. La comtesse se plaignit de n’avoir pu fermer l’œil à cause de ses gémissements, et à Mitistchi, elle fut logée dans une isba moins confortable à seule fin d’être plus loin des blessés.

Un des domestiques, à travers la haute caisse de la voiture qui était près du perron, remarqua dans l’obscurité de la nuit une nouvelle et faible lueur d’incendie.

On voyait une lueur depuis déjà longtemps, et tous savaient que le petit Mitistchi brûlait, incendié par les Cosaques de Mamonov.

— Mais, frères, c’est un autre incendie ! dit le brosseur.

Tous firent attention à la lueur.

— On dit que ce sont les Cosaques de Mamonov qui ont incendié le petit Mitistchi.

— C’est ça ! Non… C’est pas Mitistchi, c’est plus loin.

— Regarde ! On dirait que c’est à Moscou.

Deux domestiques qui étaient sur le perron des-