Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/248

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une foule de Français. D’abord Pierre ne se rendit pas compte de ce que faisaient ces Français qui traînaient quelque chose, mais en apercevant un Français qui bâtonnait un moujik en lui arrachant une pelisse de renard, Pierre comprit vaguement qu’on venait de piller cette maison. Mais il n’avait pas le temps de s’arrêter à cette idée.

Les craquements et le bruit des murs et des poutres qui tombaient, les sifflements de la flamme, les cris animés des gens, la vue des nuages de fumée, tantôt noirs, épais, tantôt clairs avec des étincelles et des flammes rouges, dorées, qui léchaient les murs, les sensations de la chaleur et de la rapidité du mouvement produisirent sur Pierre l’excitation habituelle qu’engendre l’incendie.

L’action était particulièrement forte sur Pierre, parce qu’en vue de cet incendie il se sentit délivré des idées qui l’obsédaient.

Il se sentit jeune, gai, habile et résolu. Il parcourut le pavillon du côté de la maison et déjà voulait courir dans la partie restée encore intacte, quand, juste au-dessus de lui, s’entendirent les cris de quelques voix et, après cela, un craquement et le bruit, près de lui, de la chute d’un corps lourd.

Pierre se retourna et aperçut, à la fenêtre de la maison, des Français qui jetaient une commode remplie d’objets métalliques. D’autres soldats français en bas, s’approchèrent de la commode.