Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/288

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garda avec importance, et continua de faire des reproches au général qui avait gagné.

— Très heureuse, mon cher, dit-elle ensuite à Rostov, en lui tendant la main. Je vous invite chez moi, s’il vous plaît.

Après avoir parlé de la princesse Marie et de son feu père que visiblement madame Malvintzeva n’aimait pas, et avoir entendu tout ce que Nicolas savait du prince André, qui, lui aussi, ne paraissait pas jouir de ses faveurs, la vieille dame importante lui donna congé en lui réitérant l’invitation de la venir voir. Nicolas promit et rougit de nouveau en prenant congé de madame Malvintzeva. Quand on parlait de la princesse Marie, Rostov éprouvait un sentiment de gêne et même de crainte, qu’il ne pouvait lui-même comprendre.

Quand Rostov s’éloigna de madame Malvintzeva, il voulut retourner aux danses, mais la petite femme du gouverneur posa sur sa manche sa main potelée et lui dit qu’elle avait besoin de causer avec lui. Elle l’emmena dans le divan d’où sortirent tous ceux qui s’y trouvaient, afin de ne pas gêner la femme du gouverneur.

— Sais-tu, mon cher, commença la femme du gouverneur, avec une expression sévère sur son bon visage, sais-tu que c’est en effet un parti. Veux-tu que je fasse la demande pour toi ?

— De qui parlez-vous ? ma tante, demanda Nicolas.