Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/365

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prendraient à leur façon, elles ne comprendraient pas ! Elles ne peuvent pas comprendre que tous les sentiments auxquels elles tiennent tant, toutes nos pensées, toutes ces pensées qui nous semblent si importantes ne sont pas nécessaires. Nous ne pouvons plus nous comprendre ! » Et il se tut.

Le fils du prince André avait sept ans. Il savait à peine lire, il ne connaissait rien. Depuis ce jour il apprit beaucoup de choses par l’étude, l’observation, l’expérience, mais même s’il eût possédé alors toutes les capacités qu’il acquit plus tard, il n’aurait pu comprendre mieux et avec plus de profit qu’il la comprit toute la scène qu’il vit entre son père, la princesse Marie et Natacha.

Il comprit tout, sans pleurer sortit de la chambre, puis s’approcha en silence de Natacha qui le suivait, la regarda timidement de ses beaux yeux pensifs, sa lèvre supérieure rouge un peu soulevée, tremblante, puis appuya sa tête contre elle et se mit à pleurer.

À dater de ce jour il évitait Desalles, la vieille comtesse qui le caressait, et il restait assis seul, ou s’approchait timidement de la princesse Marie et de Natacha qu’il paraissait aimer encore plus que sa tante, et doucement, timidement, se caressait à elle.

Quand la princesse Marie quitta le prince André, elle comprenait complètement ce que lui avait dit le visage de Natacha. Elle ne lui parla plus de l’es-