Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/257

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de penser cela que de penser, comme un monopoleur ou un propriétaire terrien, qu’en recevant sans travail un gros revenu il rend heureuse l’humanité parce qu’il encourage l’art et, par son luxe, donne du travail à plusieurs hommes. Je prie le lecteur de remarquer qu’Homère, Socrate, Aristote, les contes et les chansons allemandes et les poèmes russes n’ont pas eu besoin de l’imprimerie pour rester éternels.

Et la vapeur, et les chemins de fer, et les fameux bateaux à vapeur, les locomotives et, en général, les machines ! — nous ne parlons pas de ce que peuvent être dans l’avenir les résultats de ces inventions selon les diverses théories de l’économie politique, contradictoires l’une à l’autre, mais nous examinons tout simplement les avantages qu’a apportés la vapeur à la masse du peuple. Je vois un paysan de Toula que je connais très bien et qui n’a point besoin d’aller et retour rapide de Toula à Moscou ou sur le Rhin, ou à Paris ; la possibilité d’un voyage aussi rapide n’ajoute rien à son bien-être. Il satisfait à tous ses besoins par son propre travail, et depuis la nourriture jusqu’au vêtement, il fait tout par lui-même, l’argent ne représente pour lui aucune richesse. Cela est vrai à un tel point que quand il a de l’argent il le cache dans le sol et n’en trouve pas l’emploi. C’est pourquoi il reste indifférent à la grande facilité de se procurer des objets manufacturés, que donne le chemin de fer. Il n’a besoin ni