Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/28

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Combien Jacob avait-il de fils ?

Quelle est l’histoire de Joseph ?

À l’école, parfois on me récitait par cœur des tirades d’un livre, mais les anciens élèves n’ont jamais pu me répondre. Presque jamais je n’ai pu obtenir une réponse autre que par cœur. En arithmétique, je n’ai pas trouvé de règle générale : parfois c’était très bien, parfois très mal. Ensuite je proposais en sujet de composition : Comment les écoliers ont-ils passé le dernier dimanche ? Toujours, sans exception, les filles et les garçons ont écrit la même chose : que le dimanche tous avaient profité de toutes les occasions possibles pour prier Dieu, et non pour jouer. Telle est l’influence morale de l’école. À la question posée aux adultes des deux sexes : Pourquoi n’étudient-ils pas après l’école, pourquoi ne lisent-ils rien ? Tous répondaient qu’ils avaient déjà fait leur première communion, qu’ils avaient fait leur stage scolaire et reçu le diplôme attestant qu’ils savaient lire et écrire.

Outre cette influence dissolvante de l’école pour laquelle les Allemands ont inventé ce nom si juste : Verdummen, et qui consiste, à proprement dire, en la déformation lente des capacités intellectuelles, il en existe une autre plus nuisible encore : l’enfant, pendant les longues heures d’occupation, où il est étourdi par la vie de l’école, est arraché pendant tout ce temps, le plus précieux