Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/458

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de ma part. Pas un élève ne pouvait me définir les frontières de la Russie, la loi, les frontières du district de Krapivensk, tout ce qu’ils avaient appris était oublié, mais, en même temps, ils savaient à leur manière. J’étais convaincu de mon erreur, je me demandais seulement si ma faute était dans la mauvaise méthode ou dans l’enseignement en lui-même : jusqu’à une certaine période du développement général, il n’est peut-être pas possible, sans journaux ni voyages, d’éveiller chez l’enfant l’intérêt historique et géographique ? Peut-être trouvera-t-on (je le cherche continuellement) le procédé qui permettra de le faire. Je sais une seule chose : c’est que ce procédé ne consistera pas à apprendre l’histoire et la géographie dans le livre qui, au lieu d’exciter l’intérêt, le tue.

J’ai encore expérimenté autrement l’enseignement de l’histoire en commençant par l’histoire contemporaine, et ces expériences ont réussi. J’ai raconté l’histoire de la guerre de Crimée, le règne de l’empereur Nicolas, l’histoire de 1812, tout cela dans le ton des contes de fées, pas d’une façon historique, exacte, mais en groupant les événements autour d’un seul personnage. Comme il fallait s’y attendre, la guerre contre Napoléon remporta le plus grand succès.

Cette classe est restée dans ma mémoire, je ne l’oublierai jamais. Depuis longtemps déjà nous avions promis aux enfants que nous leur raconte-