Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/463

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toire, était encore moins heureuse que les précédentes.

Pour l’enseignement de la géographie, j’ai fait la même chose. Avant tout j’ai commencé par la géographie physique. Je me rappelle la première leçon. À peine commencée, je l’interrompis. Il m’arrivait ce que je ne soupçonnais pas : que j’ignorais ce que je voulais enseigner à des enfants de dix ans. Je pouvais encore expliquer le phénomène du jour et de la nuit, mais je m’embrouillai dans l’explication des saisons. Honteux de mon ignorance, je répétai l’explication et interrogeai ensuite plusieurs de mes connaissances, des gens instruits, et personne, sauf ceux sortis récemment des écoles, ne savait bien l’expliquer sans le globe. Je demande à tous les lecteurs de contrôler cette observation : j’affirme que sur cent personnes une seule le sait, bien qu’on l’enseigne à tous les enfants. L’ayant bien répété, je me mis de nouveau à chercher l’explication, et, à l’aide d’une bougie et d’un globe, j’en fis une qui me parut excellente. Les élèves m’écoutaient avec beaucoup d’attention et d’intérêt. (Ils étaient surtout curieux de savoir quelque chose à quoi ne croiraient pas leurs parents, afin de se vanter de leur science.)

À la fin de mon explication des saisons, le sceptique Siemka, le plus intelligent de tous, m’arrêta par la question : — « Comment se fait-il donc que la Terre tourne et que notre isba reste toujours à