Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/121

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— Pourquoi cette question ? Vous savez bien ce que je vous répondrai.

— Mais je désire connaître votre opinion.

— Mon opinion, la voici, dit Lévine : les tables tournantes prouvent que la société, soi-disant instruite n’est pas supérieure aux moujiks. Ceux-ci croient au mauvais œil, aux sorts, aux métamorphoses et vous…

— Comment vous ne croyez pas ?

— Je n’y puis croire, comtesse.

— Mais si je vous dis ce que j’ai vu moi-même ?

— Les paysans racontent aussi qu’ils ont vu de leurs yeux le damavoï.

— Alors vous pensez que je ne dis pas la vérité !

Et elle se mit à rire gaîment.

— Mais non, Macha, Constantin Dmitritch dit qu’il ne peut y croire, fit Kitty en rougissant pour Lévine.

Lévine s’en rendit compte, et, plus agacé encore, voulut répondre, mais Vronskï, avec son sourire cordial et sa bonne humeur, intervint dans la discussion qui menaçait de tourner à l’aigre.

— Vous n’en admettez nullement la possibilité ? Pourquoi ? demanda-t-il. Nous admettons bien l’existence de l’électricité que nous ne connaissons pas ; pourquoi donc ne pourrait-il exister une nouvelle force inconnue de nous, qui…

— Quand l’électricité a été découverte, l’interrompit Lévine, seul le phénomène était révélé ; sa