Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/122

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provenance, ses causes restaient inconnues, et des siècles s’écoulèrent avant qu’on ait pensé à son application. Les spirites, au contraire, commencent par dire que les tables écrivent, que les esprits manifestent leur présence et ce n’est qu’après qu’ils invoquent une force inconnue.

Vronskï écoutait attentivement Lévine, comme il écoutait toujours, s’intéressant évidemment à ses paroles.

— Oui, mais les spirites disent : « Présentement nous ignorons quelle est cette force, mais elle existe, voilà dans quelles conditions elle agit, aux savants maintenant de découvrir en quoi elle consiste. » Non, je ne vois pas pourquoi ce ne pourrait être une force nouvelle, si elle…

— Parce que, interrompit de nouveau Lévine, dans l’électricité, chaque fois que vous frottez la résine avec la laine, il se produit toujours le même phénomène, tandis que dans le cas qui nous occupe le même phénomène ne se produit pas chaque fois… ce n’est donc pas un phénomène naturel.

Sentant probablement que la conversation prenait un tour trop sérieux pour un salon, Vronskï ne discuta plus, et, tâchant de changer de sujet, en souriant gaîment, il se tourna vers les dames.

— Voulez-vous que nous essayions tout de suite, comtesse ?

Mais Lévine voulait achever son raisonnement :

— Je pense, poursuivit-il, que cette tentative des