Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/124

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êtes-vous arrivé ? Je ne vous savais pas ici ! Je suis très heureux de vous voir.

Le vieux prince tutoyait Lévine par intermittences. Il l’embrassa, et tout occupé de lui ne remarqua pas Vronskï qui s’était levé et attendait tranquillement qu’il lui adressât la parole. Kitty sentait combien, après ce qui s’était passé, l’amabilité de son père devait être pénible à Lévine. Elle remarqua aussi que son père répondait froidement au salut de Vronskï et que celui-ci regardait le prince avec un étonnement bienveillant, s’efforçant de comprendre, sans y parvenir, comment et pourquoi on pouvait être mal disposé envers lui. Et elle rougit.

— Prince, laissez-nous Constantin Dmitritch, dit la comtesse Nordston. Nous voulons faire une expérience.

— Quelle expérience ? Faire tourner la table ? Eh bien, excusez-moi, mesdames et messieurs, mais à mon avis, le furet est un jeu plus amusant, dit le prince en regardant Vronskï, en qui il devinait l’auteur de cette invention. — Ce jeu a au moins quelque bon sens.

Vronskï regardait avec étonnement le prince, les yeux mi-clos, et s’efforçant de sourire, il se mit aussitôt à causer avec la comtesse Nordston du grand bal qui devait avoir lieu la semaine suivante.

— J’espère que vous y serez ? dit-il à Kitty.