Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/133

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monde célibataire au milieu duquel il vivait, lui semblait un être étrange, désagréable, et par-dessus tout ridicule.

Mais, bien que Vronskï ne soupçonnât pas l’entretien des parents de Kitty, en sortant, ce soir-là, de chez les Stcherbatzkï, il sentait que ce lien spirituel, mystérieux, qui existait entre lui et la jeune fille s’était resserré si fortement qu’il fallait aviser. Mais que devait-il faire ? il ne savait.

« Voilà précisément ce qui est charmant », pensait-il en revenant de chez les Stcherbatzkï, emportant de là, comme toujours, une impression agréable de pureté et de fraîcheur, due en partie à ce qu’il ne fumait pas de la soirée, en même temps qu’un sentiment nouveau d’attendrissement pour l’amour qu’il inspirait. « Ce qui est charmant, c’est précisément que, sans prononcer un mot, nous nous sommes compris par cette conversation insaisissable des regards et des intonations ; aujourd’hui, plus nettement que jamais, elle m’a dit qu’elle m’aimait. Et avec quel charme, quelle simplicité et surtout quelle confiance ! Je me sens moi-même meilleur, et comme purifié ; je sens que j’ai un cœur et qu’il y a au fond de moi beaucoup de bon. Quels jolis yeux amoureux, quand elle disait : Et beaucoup… Eh bien ! Alors, quoi ? Eh bien, rien… C’est agréable pour moi et pour elle… »

Et il songea où il allait finir sa soirée. Il passa en revue les endroits où il pourrait aller : « Le club ?