voir dans ses yeux ce monde particulier qui était fermé pour elle. Pour moi il y a des bals plus ou moins supportables, plus ou moins ennuyeux.
— Comment un bal peut-il être ennuyeux pour vous ?
— Pourquoi ne serait-il pas ennuyeux pour moi ? demanda Anna.
Kitty comprit qu’Anna devinait la réponse.
— Parce que vous êtes toujours la plus belle.
Anna avait l’émotion facile. Elle rougit et dit :
— Premièrement, cela n’est pas, et ensuite, en admettant que cela soit, il m’importerait peu.
— Vous irez à ce bal ? demanda Kitty.
— Je crois qu’il me sera impossible de faire autrement. Tiens prends celle-ci, dit-elle à Tania, qui lui ôtait une de ses bagues qui glissait librement le long de son doigt fuselé.
— Je serais très heureuse si vous y veniez, Je voudrais tant vous voir au bal.
— Au moins, si je suis obligée d’y aller, je me consolerai à la pensée que cela vous fera plaisir… Gricha, je t’en prie, ne touche pas mes cheveux ; ils doivent être déjà assez défaits comme cela.
Et elle rattacha une mèche de cheveux avec laquelle jouait le petit garçon.
— Je vous vois au bal en robe mauve, dit Kitty.
— Pourquoi mauve ? demanda en souriant Anna.
— Eh bien, enfants, allez, allez. Vous entendez, miss Hull vous appelle pour le thé, dit-elle en re-