Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/219

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— Oh ! tu as dit cela tout à fait comme Stiva ? dit en riant Dolly.

Anna se montra offensée.

— On ! non, non ! Je ne suis pas Stiva, dit-elle en fronçant les sourcils. Je te dis cela parce que je ne permets pas un seul instant que l’on doute de moi.

Mais, tout en prononçant ces paroles, elle se rendait compte qu’elles n’étaient pas justes. Non seulement elle doutait d’elle-même, mais elle ne pouvait songer à Vronskï sans émotion et elle avançait son départ uniquement pour ne pas se retrouver avec lui.

— Oui, Stiva m’a dit que tu as dansé le cotillon avec lui et qu’il…

— Tu ne peux t’imaginer comme c’est drôle. Je pensais faire un mariage et c’est juste le contraire qui arrive ; peut-être malgré moi…

Elle rougit et s’arrêta.

— Oh ! ces choses se sentent tout de suite ! dit Dolly.

— Je serais au désespoir, si c’était sérieux de son côté… Mais je suis convaincue que tout cela sera vite oublié et que Kitty cessera de m’en vouloir.

— À vrai dire, Anna, ce mariage ne me souriait guère pour Kitty, et d’ailleurs si lui, Vronskï, peut devenir amoureux de toi en une journée, il vaut mieux qu’il ne se fasse pas.

— Ah ! mon Dieu, ce serait si bête ! fit Anna, et,