Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/269

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— Rien, papa, répondit Dolly, comprenant qu’il s’agissait de son mari. — Il est toujours dehors, je le vois à peine, ajouta-t-elle avec un sourire railleur.

— Comment ! il n’est pas encore parti à la campagne vendre la forêt ?

— Non, il s’y prépare toujours.

— Ah ! dit le prince. Puis s’asseyant et s’adressant à sa femme : Alors il me faut boucler les malles ! J’obéis. — Et toi Kitty, voilà ce que tu devrais faire : Éveille-toi un beau jour et dis-toi : « Je suis tout à fait bien portante et gaie, reprenons avec papa, de bon matin, sous la gelée, nos grandes promenades. » Hein ?

Cela semblait très simple, mais à ces mots Kitty se troubla comme une criminelle prise en faute. « Mais il sait tout, il comprend tout, se dit-elle, et par ces paroles il me fait entrevoir que tout cela est honteux et qu’il faut vaincre sa honte. » Dans son trouble elle ne put répondre, puis, tout à coup, elle fondit en larmes, et s’enfuit de la chambre.

— Voilà bien tes plaisanteries ! s’écria la princesse. Toujours tu… et elle éclata en reproches contre son mari.

Le prince l’écouta assez longtemps en silence, mais son visage s’assombrissait de plus en plus.

— Elle est si malheureuse la pauvre enfant, si malheureuse ! Et tu ne sens pas qu’elle souffre de