Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/271

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qu’il disait et répondant au baiser mouillé de larmes de la princesse qu’il sentait sur sa main. Le prince sortit de la chambre. Au moment où Kitty en larmes était partie, Dolly, avec ses habitudes maternelles et familiales, comprit qu’il y avait là du travail pour une femme, et elle se disposa à l’accomplir.

Elle ôta son chapeau et, se prépara à agir. Pendant la discussion entre ses parents, elle essaya, autant que le respect filial le lui permettait, de retenir sa mère : puis, quand le prince s’emporta, elle se tut, ressentant de la honte pour sa mère et de la tendresse pour son père dont la bonté sautait aux yeux. Mais dès que le prince sortit elle sentit que son devoir était d’aller près de Kitty et de la calmer.

— Il y a longtemps que je voulais vous dire quelque chose, maman… Savez-vous que Lévine voulait demander la main de Kitty quand il est venu à Moscou la dernière fois ? Il en a parlé à Stiva.

— Eh bien, mais ? je ne comprends pas…

— Alors, Kitty l’a peut-être éconduit ? Elle ne vous a rien dit ?

— Non, elle ne m’a parlé ni de l’un ni de l’autre ; elle est trop fière. Mais je sais tout cela, parce que…

— Mais vous comprenez que si elle a refusé Lévine, c’est à cause de l’autre, je le sais… Et celui-ci l’a déçue si cruellement.

La princesse avait horreur de s’avouer combien