Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/358

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au-dessus et que toutes les étoiles de l’Ours fussent tout à fait distinctes. Vénus avait déjà dépassé les branches, la constellation de l’Ours se dessinait entièrement avec son chariot, sur le ciel bleu foncé, mais il attendait toujours.

— N’est-il pas temps de partir ? demanda Stépan Arkadiévitch.

Dans la forêt tout était calme, pas un oiselet ne remuait.

— Attends encore, répondit Lévine.

— Comme tu voudras.

Ils étaient maintenant à quinze pas l’un de l’autre.

— Stiva ! fit tout à coup Lévine, pourquoi ne me dis-tu pas si ta belle-sœur est déjà mariée ou quand aura lieu son mariage ?

Lévine se sentait si ferme et si calme qu’aucune réponse, pensait-il, ne pouvait l’émouvoir. Mais il ne s’attendait nullement à ce qu’allait lui dire Stépan Arkadiévitch.

— Elle n’est pas mariée et ne pense guère à se marier. Elle était très malade, les médecins l’ont envoyée à l’étranger. On craint même pour sa vie.

— Que dis-tu ! exclama Lévine. Très malade ? Qu’a-t-elle ? Comment…

Pendant qu’il prononçait ces paroles, Laska, en dressant les oreilles, regardait haut dans le ciel et leur jetait un regard de reproche : « Voilà, ils ont trouvé le temps de causer, pensait-elle, et les