Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/38

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« Matthieu a dit que tout s’arrangera. Mais comment ? Je n’en vois même pas la possibilité. Hélas ! quel ennui ! Et, dans sa colère, comme elle s’est servie d’expressions vulgaires, se dit-il se rappelant ses cris et les mots lâche et maîtresse. Et la femme de chambre aura peut-être entendu. C’est mal, c’est vulgaire ; oui, c’est très mal ! »

Stépan Arkadiévitch s’arrêta pendant quelques secondes, puis essuya ses yeux, soupira, et, se redressant, sortit de la chambre.

C’était un vendredi ; dans la salle à manger, l’horloger, un Allemand, remontait la pendule. Stépan Arkadiévitch se rappela une plaisanterie qu’il avait faite un jour sur cet horloger chauve et que lui avait inspirée la régularité de cet homme.

— On a dû le remonter pour toute sa vie, avait-il dit, afin qu’il puisse remonter les pendules.

Ce souvenir le fit sourire. Stépan Arkadiévitch aimait fort la plaisanterie.

— Et puis cela s’arrangera peut-être, conclut-il. Un joli mot : s’arrangera. Il faut raconter cela.

— Matthieu ! s’écria-t-il. Installe le divan avec Marie pour Anna Arkadiévna.

Le domestique accourut.

— Bien, dit-il.

Stépan Arkadiévitch revêtit sa pelisse et sortit sur le perron.

— Vous ne dînerez pas à la maison ? demanda Matthieu qui l’accompagnait.