Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/416

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et, se détachant avec peine de cette vue, il sortit du baraquement.

Il s’approchait des tribunes au meilleur moment pour ne pas attirer sur lui l’attention. La course de deux verstes venait de se terminer et tous les yeux étaient fixés sur un cavalier-garde, qui tenait la tête, et un hussard qui le suivait, et qui, d’un ultime effort, lançaient leurs chevaux et s’approchaient du poteau.

Au milieu et en dehors du cercle, tous regardaient le poteau, et des groupes de cavaliers-gardes, soldats et officiers, avec de grands cris exprimaient la joie du triomphe attendu de leur chef ou de leur camarade.

Vronskï, sans être remarqué, pénétra au milieu de la foule presqu’au moment où retentissait la cloche annonçant la fin de la course, et le grand cavalier-garde, arrivé premier et couvert de boue, s’affala sur sa selle, lâcha les guides de son trotteur gris, devenu noir de sueur, qui soufflait péniblement.

L’étalon, en s’arc-boutant avec effort sur ses jambes, retenait sa marche rapide et l’officier des cavaliers-gardes, comme un homme qui vient de s’éveiller d’un sommeil pénible, regardait autour de lui et s’efforcait de sourire. Une foule d’amis et d’inconnus l’entourait.

Vronskï évitait cette foule mondaine, sélect, qui, en causant, s’agitait distraitement et avec ai-