Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/417

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sance devant le pavillon. Il y aperçut madame Karénine, Betsy et la femme de son frère, et, afin de ne pas se distraire, il ne s’approcha pas d’elles. Mais à chaque instant, il rencontrait des connaissances qui l’arrêtaient, l’entretenaient des détails des courses qui venaient d’avoir lieu et lui demandaient pourquoi il arrivait si tard. Pendant que les coureurs étaient appelés à la tribune où tous s’élancaient pour recevoir les récompenses, le frère aîné de Vronskï, Alexandre, — il était de même taille et de même corpulence qu’Alexis, mais plus beau quoiqu’il eût le teint plus coloré et le nez rouge ; il portait l’uniforme de colonel, — s’approcha de lui.

— As-tu reçu mon billet ? demanda-t-il. On ne peut pas te rencontrer.

Alexandre Vronskï, malgré sa vie débauchée et son amour de la boisson, fréquentait assidûment la cour. Maintenant qu’il parlait à son frère d’une chose qu’il savait très désagréable pour lui, sachant que des yeux pouvaient être fixés sur eux, il avait pris un air souriant comme s’il plaisantait avec lui sur un sujet sans importance.

— Je l’ai reçu, mais vraiment je ne comprends pas de quoi tu t’inquiètes, dit Alexis.

— Je m’inquiète de ce que tout à l’heure on m’a fait remarquer que tu n’étais pas là, et que lundi on t’a rencontré à Péterhof.

— Il y a des choses qui ne regardent que ceux