Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol15.djvu/482

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que fussent ces observations, Kitty en éprouvait de la gêne, et elle finissait par douter un peu de madame Stahl. Mais en revanche, Varenka, seule, sans parents, sans amis, qui, avec son triste désenchantement ne désirait rien, ne regrettait rien, était pour elle cette perfection idéale à laquelle elle rêvait d’atteindre. En observant Varenka elle avait compris qu’il fallait seulement, pour être heureuse et bonne, s’oublier, aimer les autres. Et Kitty voulait y parvenir.

Ayant enfin compris ce qui était le plus important, Kitty ne se contentait plus de l’admirer, mais aussitôt, de toute son âme, elle s’adonnait à cette nouvelle vie qui s’ouvrait devant elle. D’après les récits de Varenka sur ce que faisaient madame Stahl et les autres, Kitty s’était tracé le plan de sa vie future. Elle décida qu’à l’exemple de la nièce de madame Stahl, Aline, dont Varenka lui avait beaucoup parlé, n’importe où elle serait elle chercherait les malheureux, leur viendrait en aide, leur distribuerait des évangiles, qu’elle lirait aux malades, aux criminels, aux mourants. L’idée de la lecture de l’évangile aux criminels, comme le faisait Aline, la séduisait particulièrement. Mais tout cela n’étaient que rêveries mystiques, que Kitty ne confiait ni à sa mère ni même à Varenka.

Cependant, en attendant la réalisation en grand de ses projets, Kitty, aux eaux, où il y avait tant de malades et d’affligés, trouvait déjà de fréquentes