Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/175

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XXII

Il était cinq heures passées ; Vronskï devait se presser pour n’être pas en retard ; ne voulant pas prendre sa voiture que tout le monde connaissait, il monta dans la voiture de place de Iachvine et donna l’ordre de marcher le plus vite possible. C’était une voiture à quatre places, très large ; il s’assit dans un des coins, allongea les jambes sur la banquette de devant et se mit à réfléchir.

Il pensait vaguement à ses affaires qu’il avait si bien mises en ordre le matin même, il se souvenait aussi des paroles amicales et flatteuses de Serpoukhovskoï. Ne lui avait-il pas dit qu’il le tenait pour un homme indispensable ? Enfin et par-dessus tout, c’était l’attente du rendez-vous qui le préoccupait, mais tout cela se confondait en une impression générale ; il se sentait heureux de vivre. Ce sentiment était si vif qu’il sourit malgré lui. Il