Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol16.djvu/205

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— Père, Phinojène a fait demander du goudron, dit la jeune femme en galoches qui entrait à ce moment.

— C’est ainsi, mon bon monsieur ! dit le vieillard en se levant, et, faisant un large signe de croix, il remercia Lévine et sortit.

Quand Lévine entra dans l’autre pièce de l’isba pour appeler son cocher, il aperçut tous les hommes de la famille assis autour de la table ; debout derrière eux les femmes les servaient. Un jeune et vigoureux garçon, le fils du paysan, la bouche pleine de gruau, racontait quelque histoire gaie à la grande joie de tous ; la jeune femme en galoches riait encore davantage en remplissant les assiettes de stchi.

Le joli visage de cette belle jeune femme ne devait pas être totalement étranger à l’impression de bien-être qu’emporta Lévine en quittant cette maison de paysans ; toujours est-il que cette impression était si vive qu’il ne pouvait s’en défaire et que tout le long du chemin, depuis la demeure du vieux paysan jusqu’à celle de Sviajskï, il ne cessa de penser à cette famille ; une force en quelque sorte invincible l’obligeait à concentrer son attention sur elle.