Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol17.djvu/101

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si elle avait à songer à autre chose qu’à leur amour. Il en avait été froissé alors, et maintenant encore, parfois, toutes ces petites préoccupations l’offensaient aussi. Mais il voyait que c’était nécessaire et il avait beau se moquer de tout cela, il l’aimait et ne pouvait s’empêcher de l’admirer. Il riait de la voir installer les meubles apportés de Moscou, arranger sa chambre, son ancienne chambre à lui, faire poser les rideaux, organiser les chambres d’amis, de Dolly, celle de sa nouvelle femme de chambre, commander le menu au vieux cuisinier, discuter avec Agafia Mikhaïlovna, à qui elle avait retiré la garde des provisions.

Il remarquait que le vieux cuisinier souriait en recevant des ordres fantaisistes et impossibles à exécuter ; il voyait qu’Agafia Mikhaïlovna hochait doucement la tête en écoutant les nouveaux ordres de la jeune dame concernant la cave. Il trouvait Kitty adorable quand riant et pleurant à la fois elle venait se plaindre à lui que la femme de chambre Macha la regardait toujours comme une enfant et ne lui obéissait pas. Cela lui paraissait à la fois charmant et étrange, mais il pensait qu’il eût mieux valu que cela ne fût pas.

Il ne comprenait rien aux changements qui s’accomplissaient en elle en se voyant maîtresse d’acheter des montagnes de bonbons, de dépenser ce qu’elle voulait, de commander le gâteau dont elle avait envie, alors que chez elle on lui refusait